Kukusa shinga, mutai wambo – Tembe avec Franky Amete

CultureJanuary 9, 202563 Views

Kukusa shinga, mutai wambo
 Le Tembé est un langage codé

A la découverte de l’art Tembe, l’art du fleuve, avec Francky Amete, un style que perpétue depuis 5 siècle le peuple bushinengué, les nègres de la forêt. Descendants des nég marrons, les bushinengués ont fui l’esclavage pour se réfugier dans la brousse du Surinam et sur le plateau des Guyanes, ils ont su conserver presque intacte leur culture africaine.

Franky Amete s’inspire de la nature pour la pratique du Tembé, l’artisanat traditionnel des Bushinengués transmis par son père. – Texte Willy Gassion, Photo Mathieu Delmer 

Tout est là à portée de main. Tout est là pour qui sait observer et aimer. La nature. Tout est là dans les gestes ancestraux, la main qui crée et qui transmet. Celle du père, qu’on imagine à la fois patinée et aimante, et Franky Amete qui la saisit.

C’est par le père que tout a commencé, au Surinam où est né Franky. C’est là que l’adolescent observe le père « faire du Tembé », l’artisanat traditionnel des Bushinengués. « Quand j’étais petit, je regardais ce que faisait mon père, je ne comprenais pas tout mais avec le temps je suis tombé amoureux de ma culture, la culture du fleuve. »

« Le Tembé est un langage codé fait à partir d’entrelacs, de motifs et de symboles dessinés sur le bois ou le tissu, en se réfugiant dans la forêt, les Noirs marrons ont conservé ce savoir-faire. »

« Le Tembé a fait de moi un artiste » 

Ce n’est pas que de l’art pour faire joli. Il est aussi question dans le Tembé, de mémoire, de patrimoine et d’histoire. La résistance des esclaves, le langage qu’ils ont inventé à travers le dessin pour communiquer sans être compris du maître. « Le Tembé est un langage codé fait à partir d’entrelacs, de motifs et de symboles dessinés sur le bois ou le tissu, en se réfugiant dans la forêt, les Noirs marrons ont conservé ce savoir-faire. »

Franky descend des Noirs marrons, né à Paramaribo il perpétue depuis 25 ans la tradition du Tembé. « C’est le Tembé qui a fait de moi un artiste. » Ses tableaux et sculptures, qu’il a déjà exposés en Guyane mais aussi à Paris et au Brésil disent « la vie, l’amour, le partage, l’environnement qu’il faut protéger, je ne véhicule que des messages positifs. » 

« Je fabrique mes couleurs primaires à partir de la terre rouge de Guyane. »

Nature complice

La nature est son alliée, sa complice dans l’acte de créer. « La nature m’inspire tous les jours, chaque seconde, j’habite à Saint-Laurent du Maroni, je vois des perroquets, des singes, des agoutis et de temps en temps des serpents, des scorpions, c’est tellement beau. » De cette nature, outre son « inspiration », l’artiste de 56 ans tire sa matière première. « Je fabrique mes couleurs primaires à partir de la terre rouge de Guyane. » Franky dessine sur le sable, la terre, les feuilles et le bois, « comme le faisaient mes ancêtres. » Et il recycle aussi. « Je récupère des palettes pour faire les cadres des tableaux, je découpe de vieux frigos pour réaliser mes sculptures. » 

Ce qu’il a reçu de son père – « mon père ne pratique plus le Tembé, il est chef coutumier à Apatou, il est très fier de moi » – l’artiste le transmet à son tour au sein des ateliers de l’association Libi Na Wan« Le Tembé ne doit pas disparaître, il fait partie du patrimoine culturel de la Guyane même le street-art s’en est emparé. » 

« Le Tembé ne doit pas disparaître, il fait partie du patrimoine culturel de la Guyane même le street-art s’en est emparé. » 

Dans cette optique, Franky Amete a récemment publié un ouvrage intitulé *Le Tembé ne doit pas disparaître*, qui explore en profondeur l’importance de cette pratique traditionnelle au sein du patrimoine culturel de la Guyane. Ce livre, écrit en français et en anglais, met en lumière non seulement les racines historiques du Tembé, mais également son évolution contemporaine. Amete souligne comment les artistes de rue s’approprient cette forme d’expression, intégrant le Tembé dans un dialogue culturel moderne qui célèbre et préserve ses valeurs essentielles. Par cette œuvre, il appelle à la reconnaissance et à la protection de cette tradition, qui constitue un précieux héritage pour les générations futures.

Pour ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension des enseignements et des expériences de Franky, le livre “

1. “Mukana mukalanga, mukalanga pamu.” – A bird in hand is worth two in the bush.
2. “Kukusa wanga, kuzunguza; usipokula kizika.” – Your friend’s advice is gold; don’t overlook it.
3. “Mwibuka mo, hadima kusi.” – Remember the past, for it shapes your future.
4. “Wakuwenda kwa, ofuna okuta.” – He who travels far will find treasures.
5. “Chisomo chamwe, nacho chabala.” – Every kindness has its reward.
6. “Wene wakuva, nako nyatwa.” – The one who loves you will correct you.
7. “Nkhamukazana, wendela mpakana.” – A shared burden is lighter.
8. “Watu wabatanduma, ngwatuka.” – Many hands make light work.
9. “Nyanga a ngama bambo, nyanga a ngama mama.” – Wisdom lies in both the father and mother.
10. “Kamana kanga, katava kanga.” – What goes around, comes around.
11. “Kunzi kunga mwana, nemye ngwanga fama.” – Patience is the companion of wisdom.
12. “Matondo n’kaniba, nkalonga pashishiri.” – A bad deed has a long shadow.
13. “Kupanda vunyala, seye kuta muwala.” – He who plants kindness gathers love.
14. “Kabola kaza, nku chaka.” – A gentle heart is always valued.
15. “Mungani mwako, nnena ngwampanji.” – A friend in need is a friend indeed.
16. “Umena kusi, onabuka paku.” – Knowledge endures beyond the grave.
17. “Kuvunda mu jinga, kunga a mwina.” – Laughter is the tonic of life.
18. “Musiya angu, wamba pakanzi.” – Share joy, and it multiplies.
19. “Kukwata udi, kupala udi na chuma.” – Trust breeds peace and prosperity.
20. “Mundila wanga, chenda wanga.” – My soul’s comfort is my companion.

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