Motion in the Marrow of Rest Mouvement dans la Moelle du Repos

(d’après Whitman, le silence du Bouddha, et les ondes de 432 Hz)
— dans l’esprit d’Aimé Césaire

1.
Routes ? Elles se déroulent —
Je suis la route.
Pas besoin de marcher.

2.
Midi caraïbe —
l’ombre d’un corbeau
coud la mer au sable.

3.
Sun Tzu tousse —
« L’immobilité gagne les guerres. »
La fourmi avance.

4.
Ronron du didgeridoo —
la terre tourne
mais la note tient.

5.
Les tambours Winti s’arrêtent.
Écoute :
Tes genoux prient.

6.
La chaîne d’Ifa —
chaillon un pas
qui ne bougea jamais.

7.
Fleuve du Surinam,
tu remontes le courant
quand j’arrête de boire.

8.
La barbe de Whitman —
pleine de routes,
pleine de nulle part.

9.
Le Bouddha bâille —
« Destination ?
Tu es assis dessus. »

10.
Cerf-volant zen :
pas de fil, pas de vent,
toujours en vol.

11.
Chute de noix de coco —
l’écho dure
plus longtemps que le fruit.

12.
Touriste demande « Quand ? »
Pêcheur sourit —
la marée va, la marée vient.

13.
Couchants ici —
pas des couleurs, mais des paupières
de l’horizon.

14.
N’emporte rien.
Le ciel se range
dans ton verre vide.

15.
Chaussures abandonnées —
le sentier
s’allège sans elles.

16.
Les cartes brûlent.
La cendre a le goût
de tous les chemins.

17.
Œil du cyclone —
j’y fais la sieste.
L’orage applaudit.

18.
Douanier endormi —
mon passeport
tamponné « Ici ».

19.
Rugissement du réacteur —
silence plus profond
quand il s’éteint.

20.
Marché dix ans
pour trouver ma hutte.
La porte était ouverte.

—
Le souffle est le seul bagage.
La boussole, ton échine.
Chaque arrivée, un pli dans la robe.

---

Notes de style Césairien :

• Rythme : Balance entre martèlement militant (“Routes ? Elles se déroulent”) et fluidité organique (“l’ombre d’un corbeau/coud la mer au sable”).
• Imagery : Métaphores de résistance passive (“La fourmi avance”) et révolte silencieuse (“Les cartes brûlent”).
• Négritude Zen : Fusion du combat anticolonial et du détachement (“Douanier endormi — mon passeport tamponné ‘Ici'”).

“Le poème est un tambour dont le vide seul résonne.” — (faux Césaire, mais dans l’esprit !)

(after Whitman’s sprawl, Buddha’s silence, and 432 Hz waves)

1.
Roads? They unspool—
I am the road.
No need to walk.

2.
Caribbean noon—
one crow’s shadow
stitches sea to sand.

3.
Sun Tzu coughs—
“Stillness wins wars.”
The ant marches on.

4.
Didgeridoo hum—
the earth spins
but the note holds.

5.
Winti drums stop.
Listen:
Your knees are praying.

6.
Ifa’s chain—
each link a step
that never moved.

7.
Surinam river,
you flow uphill
when I stop drinking.

8.
Whitman’s beard—
full of highways,
full of nowhere.

9.
Buddha yawns—
“Destination?
You’re sitting on it.”

10.
Zen kite:
no string, no wind,
still flying.

11.
Coconut drop—
the echo lasts
longer than the fruit.

12.
Tourist asks “When?”
Fisherman smiles—
tide comes, tide goes.

13.
Sunsets here—
not colors, but eyelids
of the horizon.

14.
Pack nothing.
The sky packs itself
in your empty cup.

15.
Shoes left behind—
the path grows
lighter without them.

16.
Maps burn.
Ash tastes
like all directions.

17.
Hurricane’s eye—
I nap there.
Storm applauds.

18.
Border guard asleep—
my passport
stamped “Here.”

19.
Jet engine’s roar—
deeper hush
when it fades.

20.
Walked ten years
to find my hut.
Door was open.

—
Breath is the only luggage. The compass, your spine. Every arrival, a fold in the robe.